Les Araignées de Chalon et des alentours
Comme chaque année à Chalon-sur-Saône, je prends mes photos dans un grand parc en bordure de la ville. Et comme chaque année, elles sont là. Ces grandes araignées, cousines des Tégénaires (et qui pour la plus grande joie des arachnophobes vivent à l’extérieur), ce sont les Agélènes, plus précisément Agelena labyrinthica, l’Agélène labyrinthe (famille des Agelenidae). la toile de la première Agélène était en haut d’une haie, donc sans l’impressionnant enchevêtrement de fils qui recouvre habituellement la toile, ce qui m’a permis de l’approcher sans la faire fuir. Elle mesurait 12 mm. Une autre Agélène avait fait sa toile dans la haie. Celle-ci se présentait donc comme un simple tunnel s’enfonçant dans le feuillage. La photo de droite est une vue agrandit et beaucoup plus contrastée de la photo de gauche.
- Y’aurait-il une proie sur ma toile ?
- En plongée dans son antre !
Une autre espèce est aussi très présente dans les buissons où vivent les Agélènes : l’Argiope-frelon, Argiope bruennichi (aussi appelée Epeire-frelon/fascié ou encore Argiope-fascié). Ces araignées à la livrée guêpe ont aussi une toile très reconnaissable : elle présente en effet deux stabilimenta (stabilimentum au singulier) qui pointent vers le haut et vers le bas. Ces bandes de soies épaisses ont un rôle assez mystérieux : renforcement de la toile ? Réflection des UV pour attirer des proies ?
- Une juvénile de 12 mm. Elle atteindra les 20 mm, voire plus, quand elle sera adulte. Elle avait de nombreuses autres soeurs dans les parages
Une espèce très commune dans ce biotope a cependant manquée à l’appel : Araneus diadematus, l’Epeire-diadème. Peut-être à cause du mauvais temps, il n’y en avait pas là où j’avais l’habitude d’en voir. A peine une ou deux mais en fin de séjours. J’ai dû aller voir une autre haie (où je ne vais quasiment jamais) qui n’était même pas dans le parc pour en apercevoir. Mais la plupart me présentait leur face ventrale !
- L’Epeire-diadème, et sa croix blanche qui l’identifie. Elle mesurait 6 mm.
- Autre Epeire-diadème de 11 mm, on peut voir les virgules blanches typiques des Araneidae
A contrario, j’ai trouvé en abondance des Diodies tête de mort, Zilla diodia pour les intimes. C’est une araignée qui peut ressembler à l’Epeire-diadème mais qui se distingue par ses motifs abdominaux différents (et pas de croix blanches) et par sa taille (les Zilla diodia adultes ne mesurent pas plus de 6 mm…). Elles tissent cependant de grandes toiles par rapport à leur petitesse.
- Son dessin abdominal est censé représenter un crane (d’où son nom). Elle mesurait 4 mm
- 4 mm aussi, mais un coloris plus clair que la première
Il y avait aussi beaucoup de Zygiella x-notata (la Zygielle des fenêtres) et de Nuctenea umbratica (l’Epeire des fissures). Cependant, étant principalement nocturnes, je n’ai pu photographier qu’une N. umbratica (j’ai failli la rater car sa retraite était à plus de 60 cm du moyeu de sa toile, et elle a mis un certain temps à descendre quand j’ai titillé sa toile au diapason). Malheureusement, tout comme les A. diadematus, elle m’a présentée son ventre…
- On voit là-aussi les virgules blanches des Araneidae
J’ai également surpris cette mère Philodromus qui protégeait son cocon. Je suis revenu plusieurs jours plus tard, et elle était encore là, toujours protégeant son cocon qui lui avait visiblement évolué (je suppose qu’il était sur le point d’éclore).
- Mère Philodromus veillant sur sa future progéniture le jour de la fête nationale
- 10 jours après, le cocon avait déjà bien évolué !
Sur un mur blanc se baladait de nombreux Opilions (que je n’ai pas pris en photos) et au milieu de ces fausses araignées, une petite Salticidae de 4 mm, certainement Pseudeuophrys erratica, se baladait, sûrement à la recherche d’une proie à boire. De loin, j’ai d’abord cru avoir à faire à une Dictyna. Mais j’ai vite compris que c’était une Sauteuse. Sur la photo de droite, elle s’est mise à observer mon appareil photo qui gravitait au-dessus d’elle, ce qui m’a permi de shooter ces yeux.
- Une allure de Dictyna de loin
- Ses yeux
Près de Chalon, à Dracy-le-Fort exactement, j’ai pu photographier cette Theridiidae, Parasteatoda tepidariorum qui avait fait sa toile entre des poutres de bois du toit d’une maison. Elle n’était pas seule : chaque espace situé entre deux poutres avait été conquis. Comme chaque année que je les vois, celle-ci avait pondu et surveillait ses cocon -ce qui n’est pas sans rappeler la Philodromus-.
- Une araignée pour deux cocons. Celui le plus à gauche est différent. Peut-être n’est-il pas au même stade que celui à droite ?
J’ai aussi fait un tour à Culles-les-Roches, mais cette fois-ci, dans la campagne alentours. Et j’ai rencontré une espèce que je n’avais jamais vue auparavant : une Larinoides gr. cornutus (groupe qui comprend P. cornutus et P. suspicax). Elle était à l’abri d’un soleil de plomb, dans un panneau (où s’étaient réfugié aussi de nombreux forficules).
- Cette photo est contrastée… L’original est en effet… cramée à cause du Soleil !